jeudi 27 mars 2014

Entrevue avec Geneviève Jannelle



Geneviève Jannelle est une écrivaine québécoise. Déjà auteure de La Juche et Odorama (série L’Orphéon avec quatre autres écrivains), elle présente ce mercredi son dernier roman Pleine de toi. J’ai eu le plaisir d’avoir une entrevue avec elle dans le cadre de l’un de mes cours. Morceaux choisis :

Enchanting Books : Depuis combien de temps écris-tu?

Geneviève Jannelle : J’ai toujours aimé écrire. Je lisais beaucoup, j’écrivais de la poésie, des petites histoires. J’ai pris le certificat en création littéraire (ndlr : Le programme que je suis actuellement) pour me donner encore plus le goût d’écrire, en me forçant à consacrer trois heures par semaine à l’écriture ou à m’intéresser à la littérature. À travers les ateliers de création, j’ai commencé à écrire des nouvelles. 

EB : Comment en es-tu arrivée à ton premier roman : La Juche ?
 
GJ : Au cours de mon certificat, j’ai commencé à soumettre des nouvelles à différents magazines qui les ont tout de suite acceptées et publiées. J’en ai cumulé une vingtaine que j’ai réunies en recueil. Après l’avoir soumis à un concours où il a été finaliste, j’ai décidé de l’envoyer à des maisons d’édition. L’une d’elles m’a proposé d’en faire un roman.


EB : Quelle sont tes sources d’inspiration, les sujets récurrents ?

GJ : J’écris beaucoup d’histoires de triangles amoureux. Tous mes romans sont des histoires d’amour tordues. Il y a également un aspect esthétique qui revient beaucoup. J’ai tendance à faire des personnages assez léchés, assez esthétiques, plus grands que nature, comme des dieux grecs qu’on peut contempler. On a des tics d’écriture qui ne sont pas forcément volontaires, mais sont rattachés à notre motivation d’écrire. Pour avoir envie de développer une histoire sur 200 pages, il faut que quelque chose dans cette histoire vienne te chercher profondément. 


EB : Y a-t-il eu un changement de processus en écrivant Odorama vu les contraintes qui y étaient reliées ?

GJ : La Juche est issue d’un processus de transformation d’un produit brut sans aucune contrainte initiale. L’Orphéon est arrivé un peu comme une commande. « Est-ce que t’as le goût d’embarquer dans ce projet? » Il y a eu un peu de stress parce que cette fois je me suis assise en me disant que j’allais écrire un roman, mais les contraintes n’étaient pas si intenses. 5 auteurs, un building avec un étage pour chacun. L’idée était de créer des interactions avec les personnages des autres étages. Il fallait aussi s’assurer de la cohérence des lieux et personnages communs : les ascenseurs, le concierge, l’employé(e) du café… Mais sinon j’ai bénéficié d’une liberté totale dans la construction de mon histoire. 

 
EB : Que représente la fin d’une histoire ?

GJ : J’ai tendance à faire des fins punch, peut-être parce que je viens de l’univers de la nouvelle et que c’est un style de fin classique pour ce format. J’aime la chute. J’aime que ma fin soit percutante, qu’elle donne une claque au moment où tu ne l’attends pas. Encore une fois, dans mon prochain roman je n’ai pas pu m’empêcher de le faire. Pour moi, la fin c’est toujours une façon de piéger le lecteur, de jouer avec sa tête.


EB : On a vu dans tes premiers romans que tes personnages féminins sont très marquants. Quelle est ta conception de la perfection féminine?

GJ : J’aime les femmes fortes. J’écris des personnages féminins un peu mythiques. Ce sont des femmes qui n’ont besoin de personne, qui sont inatteignables. J’aime la femme indépendante, qui se rit des hommes. C’est un côté que j’aime bien développer.  


EB : Avec cette perception de la féminité, penses-tu que la romance a un côté destructeur?

GJ : Je pense qu’elle peut avoir un côté destructeur si les gens s’y perdent. Je pense qu’un être humain peut glisser jusqu’à être obsédé, ne plus vivre, penser juste à une chose. Je pense qu’il y a quelque chose dans l’amour qui peut faire ça. Ce n’est pas toujours le cas, mais ça peut. Il y a quelque chose de dangereux dans le fait d’aimer quand les gens ont une fragilité à ce niveau. 


EB : La question classique : à quel point peut-on te reconnaitre à travers tes romans, tes personnages?
 
GJ : Je pense qu’on met beaucoup de soi-même dans ses romans, mais pas de la façon dont les lecteurs le croient. Les gens vont prendre ça un peu au pied de la lettre. C’est sûr qu’il y a plein d’affaires qui m’appartiennent dans mes romans : les lieux notamment. Il y a des personnages qui sont inspirés de gens que je connais. Mais le personnage n’est pas la personne. Il y a simplement des traits qui sont inspirés de gens autour de moi. L’auteur écrit avec ce qu’il est, ce qu’il a au fond de lui. C’est de la matière brute à retravailler. Ça sert à construire une histoire.

EB : Merci !

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